2014 en 10 albums qui bastonnent.

2014 en... #4

10 | Foo Fighters — Sonic Highways
RCA — 10 novembre

Après l’expérience réussie avec Sound City: Real to Reel, l’année dernière, Dave Grohl embarque ses Foo Fighters dans un tour de huit studios légendaires du rock et roll et enregistre un morceau dans chacun d’entre eux, en filmant le tout pour une série TV. Le résultat est dans la lignée du concept : quand on baigne dans les hauts lieux du classic rock, on sort du classic rock. Sonic Highways est donc un bon album de classic rock, épais et héroïque comme il faut et, même si je ne bois plus vraiment de cette tasse de thé-là, je dois admettre que j’ai beaucoup, beaucoup tapé du pied en écoutant des The Feast and the Famine et Outside. Pari réussi, donc.

10 | Damien Rice — My Favourite Faded Fantasy
Warner Music — 31 octobre

Il y a 7 ans, Lisa Hannigan, la partenaire favorite de Rice, partait en claquant la porte en pleines balances du concert de Hambourg, puis Damien Rice s’évanouissait dans les ténèbres. Nous avons tous vieilli, changé 2 fois de président, quitté MonEspace, vu mourir Michael Jackson, acheté des téléphones malins, et voilà le Damien Rice qui s’en revient, presque inchangé. Presque inchangé. Damien Rice a gardé ses jolies ambiances, pose ses tripes sur la table et chante le cœur au bout des lèvres, comme avant. Damien Rice aime les envolées lyriques, comme avant. Damien Rice a seulement perdu la désinvolture, la légèreté et un peu de la gouaille qui avaient rendu ses deux premiers disques si attachants. Damien Rice a le droit, hein, c’est son album, après tout. Reste que My Favourite Faded Fantasy me laisse l’impression d’un weekend dans la Beauce. C’est beau comme tout, le cadre est charmant, on s’y sent bien et on est content d’être venu, mais une fois rentré à la maison, on ne pensera même pas à revenir. On aura envie d’aller en Écosse, en Bretagne ou à la mer du Nord, mais dans la Beauce, ça non, jamais. On l’a vue, la Beauce, c’était beau, la Beauce, on la met même dans son top 10, la Beauce, mais on ne va pas y retourner tous les ans non plus. À 2021, Damien.

9 | Jack White — Lazaretto
Third Man — 10 juin

Jack White a encore mis le paquet sur l’objet : piste cachée sous l’étiquette, piste à démarrage aléatoire, une face qui tourne à l’envers et hologramme central, et ce même pour la version normale du disque, disponible dans les 20 €. C’est beau. Musicalement, c’est beau aussi, mais ça prend une teinte americana qui me parle de moins en moins. Discrographiquement parlant, ce que je préfère retenir de Jack White, cette année, c’est son monumental Live from Bonnaroo 2014, sorti plus tôt ce mois-ci. C’est une tuerie. Il est bon de bout en bout. Même Seven Nation Army y sonne bien. Ce n’est pas peu dire.

8 | Blood Red Shoes — Blood Red Shoes
Jazz Life — 3 mars

Aux ambiances plus down tempo et mélodiques qui ont marqué leurs deux derniers albums, Blood Red Shoes mêlent la fougue des débuts. Brillante idée, dès lors, que d’intituler ce condensé de discographie Blood Red Shoes. L’intro Welcome Home est hargneuse, les singles An Animal et ― surtout ― Speech Coma efficaces, et le reste du disque fait bien le travail. Au bout de sept ans et quatre albums, Blood Red Shoes ont décidément encore tout pour plaire. [En photos →]

7 | Fink — Hard Believer
Ninja Tune — 14 juillet

Comme d’habitude, Fink prend son temps, ménage ses effets et pose ses ambiances progressivement, comme pourraient le faire Sigur Rós (mais sans le côté chiant). On passe tour à tour de l’inquiet (White Flag) au céleste (The Green and the Blue) puis à l’inquiet, encore (Pilgrim). Hard Believer, ce n’est pas la fête à neuneu, c’est un disque d’ambiance. Un disque d’ambiances, même, qui toutes me parlent. [En photos →]

6 | Bob Mould — Beauty & Ruin
Merge — 3 juin

Je suis devenu instantanément fan de ce bonhomme quand j’ai découvert The Descent il y a 2 ans (et aussi le clip suivant avec le batteur bourré au bloody mary). Bob Mould remet ça cette année avec un Beauty & Ruin qui sent bon l’autodérision (voyez un peu le clip d’I Don’t Know You Anymore avec Colin Meloy des Decemberists en guestare), la power pop enjouée et les années 90 et qui me fait réaliser qu’écouter Hüsker Dü et Sugar, pour voir, ferait une bonne résolution pour 2015. [En photos →]

5 | Royal Blood — Royal Blood
Warner — 22 août

Royal Blood ont explosé d’un coup, comme ça, seulement parce que l’un des Arctic Monkeys avait porté l’un de leurs ticheurtes à Glastonbury 2013. En quelques jours, c’était l’affolement général. Arrivent les premiers singles, percutants, les premiers live, franchement mortels et finalement, l’album homonyme. Un bloc de son, lisse et brute. 32 minutes, pas plus. Exactement ce qu’il faut. Quand on fait dans le minimalisme, mieux vaut faire court pour ne pas tourner en rond. Royal Blood l’ont bien compris et concluent leur premier effort avant même qu’on pense à s’ennuyer, comme l’avaient fait METZ il y a deux ans. La bonne surprise de l’année. À confirmer. [En photos →]

4 | Δ — This Is All Yours
Infectious — 22 septembre

En voilà un qui a bien failli se retrouver album de l’année. Faut dire qu’Alt-J ont mis les moyens : Left Hand Free aux accents Black Keys, Hunger of the Pine onirique, Every Other Freckle décalé, et même un morceau qui s’intitule ❦. Si vous voulez vous amuser lors de votre nouvel an, demandez au déjis de vous jouer ❦. Pas ☻ ni ♣ ni ♂ ni ▪ ni ☼ ni ₪, hein, ❦. Et sans les mains et sans prononcer le nom de l’artiste, ni celui de l’album. Sinon, c’est de la triche. Mais je m’égare. J’ai failli le mettre en haut du classement, donc, avant de me raviser car certains titres pêchent un peu trop (dont ❦, d’ailleurs, qui consiste en « une minute de mecs qui jouent du pipeau dans un jardin. Bam. Dans ta face. Du pipeau. Un jardin. Premier degré. », d’après un ami qui se reconnaîtra). Reste que This Is All Yours est un bon album, un vrai bon album, puisqu’il vient d’un groupe que je n’apprécie guère et que je vois toujours arriver en rigolant grassement et en me demandant ce qu’ils vont bien pouvoir nous pondre comme morceaux tout mous cette fois-ci. Ça m’apprendra à fanfaronner. [En photos →]

3 | Nick Mulvey — First Mind
Fiction — 12 mai

Découvert à la toute fin 2013 avec Nitrous, premier single incorporant de gros bouts du You’re Not Alone d’Olive dedans, Nick Mulvey livre son premier album en mai, pile quand il fallait. First Mind est un chouette album de printemps, qui sent le soleil, le renouveau annuel et les fleurs qui poussent. Le tout en douceur, avec un minimum d’instruments. Du beau boulot. [En photos →]

2 | Interpol — El Pintor
Matador — 8 septembre

Quand Interpol annonce un album tout noir et tout rouge, forcément, je m’émeus. El Pintor n’est pas un deuxième Turn on the Bright Lights (de toute manière, on n’a pas besoin d’un deuxième Turn on the Bright Lights), mais il sonne bon le retour aux affaires, après un Interpolmonolithique et discutable. Le trio tourne enfin la page du départ de son bassiste, ressort son costard, resserre son nœud de cravate, se ressert un peu de vin blanc et nous pose là un album élégant et bien foutu, en toute simplicité, avant deux concerts remarquables à Paris et Évreux et deux jours sous la neige. Content de vous revoir, les gros. [En photos →]

1 | Kasabian — 48:13
Columbia, 9 juin

Voilà quand même trois fois que Kasabian se retrouve en tête de classement sans que je sache vraiment pourquoi (voir 2009 et 2011). Bien sûr, il y a cette alternance de rythmes brutaux (Bumblebeee, Doomsday), mélancoliques (Treat, Bow), chaloupés (Treat, Explodes), planants (Glass) ou dansants (Eez-Eh), mais… Ah tiens, en fait, je viens de citer presque tout l’album. La réponse est peut-être là, finalement : 48:13 est réussi car il évite de se mordre la queue et qu’en variant les plaisirs, il se fond mieux dans le paysage. À chaque moment de mon année 2014 a correspondu l’un de ses morceaux. Un peu comme Thirteen Tales from Urban Bohemia avait correspondu à mon année 2000. La comparaison est flatteuse, certes, mais méritée. Kasabian ont encore une fois bien travaillé. [En photos →]

Accessits :

  1. Tom VekLuck [En photo →]
     
  2.  TriggerfingerBy Absence of the Sun
     
  3.  The War on DrugsLost in the Dream [En photo →]
     
  4. The Ting TingsSuper Critical
     
  5. The RaveonettesPe’Ahi [En photos →]
     
  6. AugustinesAugustines [En photos →]
     
  7.  The OrwellsDisgraceland [En photos →]
     
  8.  The Horrors Luminous [En photos →]
     
  9. Cold War KidsHold My Home [En photos →]

2013 en 10 albums

      1. Black Rebel Motorcycle Club — Specter at the Feast
      2. Junip — Junip
      3. Editors — The Weight of Your Love
      4. Arcade Fire — Reflektor
      5. Cold War Kids — Dear Miss Lonelyhearts
      6. Franz Ferdinand — Right Thoughts, Right Words, Right Action
      7. Arctic Monkeys AM
      8. Chvrches — The Bones of What You Believe
      9. Haim — Days Are Gone
      10. Miles Kane — Don’t Forget Who You Are

2004 en 10 dišques

      1. The Libertines — The Libertines
      2. Snow Patrol — Final Straw
      3. Flogging Molly — Within a Mile of Home
      4. Ghinzu — Blow
      5. Franz Ferdinand — Franz Ferdinand
      6. The Von Bondies — Pawn Shoppe Heart
      7. Interpol — Antics
      8. Damien Rice — O
      9. Dionysos — Whatever the Weather
      10. Secret Machines — Now Here Is Nowhere

      [Comme l’année dernière, ce dernier classement mériterait fort une petite réorganisation.]