The Von Bondies + The Avatars + The Valentinos @ Magic Stick, Détroit.

C’est pas très gros, c’est en plastique, c’est assez joliment fait et ça déborde de fuchsia une fois ouvert, c’est la star de la soirée, et ça s’appelle Pawn Shoppe Heart. Le nouveau bébé des Von Bondies est livré ce soir en pâture à leur public de toujours, en plein cœur de Détroit, dans une soirée du genre de celles où l’on présente sa nouvelle copine à sa famille. Il doit y avoir 300 personnes dans ce Magic Stick où Jack White a donné un coup de pouce — un coup de poing plutôt — à leur notoriété en décembre dernier, en sautant à la gorge de leur chanteur, Jason Stollsteimer.

Les deux groupes qui ouvrent la soirée ont fort à faire pour attirer l’attention sur eux, face au bar et au stand mercantile qui vend des copies de l’album comme des petits pains dans une ambiance (joyeusement) enfumée et houblonneuse. Les encostardés Valentinos n’attirent l’attention que d’une quinzaine de personne devant la scène. The Avatars font un peu mieux. Il faut avouer qu’il sont bien aidés par la présence de trois filles court vêtues sur scène. Leur power-pop émoustillante met de l’ambiance, guidée par la voix de Mariah Cherem, quelque part entre celles de Gwen Stefani et de Kate Pierson, des B52’s.

Côté Von Bondies, Jason Stollsteimer vole déjà la vedette à l’instant où commencent les présentations de la dulcinée Pawn Shoppe Heart à la foule. Grand, sec, son nez plongeant vers l’avant suivi de près par ses pattes, le bonhomme gesticule autour de sa guitare en étalant toute la panoplie de la rock-star : solos à genoux, roulades par terre, grimpettes sur la grosse caisse, joyeux et postillonneurs hurlements dans le micro. Se démenant comme si c’était le dernier concert de sa vie. Il donne le ton d’un rock brut, carré, mais adouci par la présence à ses côtés de deux sœurs siamoises par la voix, Carrie Smith à la basse, et Marcie Bolen à la guitare.

Les filles chantent en chœur, le festival Stollsteimer et la batterie énergique de Don Blum rendent la foule folle (la foule folle, ça doit pas être évident à lire à voix haute ça), la quasi totalité du nouvel album est servie pendant une heure de bon gros rock acidulé par l’aura des filles. Sur la fin, le chanteur, épuisé, annonce dans un souffle Rock N’Roll Nurse et achève sa guitare avant de quitter la scène en la laissant tomber comme une chose inerte dont il a aspiré la vie.

Le rappel est expéditif, The Von Bondies saluent une dernière fois la salle, public durement conquis par des années passées à écumer les bars de la ville, qui leur octroie une ovation prometteuse pour le succès de Pawn Shoppe Heart. Toute la famille jubile, la nouvelle copine est adoptée et elle ne devrait pas tarder à venir frapper à nos portes européennes.