20 ans après.

Maple et Miller, Ann Arbor, ? septembre 2001.


Maple et Miller, Ann Arbor, ? septembre 2001.

Voilà ma seule photo du 11-Septembre. Celle du panneau d’affichage de la station Marathon au croisement de Maple et Miller à Ann Arbor, devant laquelle je passais tous les matins pour aller bosser à Northville.

J’ai redécouvert cette photo cette année grâce à mon cher Pierre Ollier, qui a développé pour moi cette pellicule que je traînai de déménagement en déménagement ces 20 dernières années. Cette photo, que j’avais complètement oubliée, est à elle seul tout un tas de symboles : c’est à la fois ma dernière photo argentique (depuis, le Minolta de mon grand-père ne s’est plus allumé), ma première tentative de documenter un évènement marquant, un flagrant exemple de très très mauvais cadrage et le début d’une nouvelle version de moi-même. J’avais 23 ans, j’étais élève-ingénieur et je venais de débarquer à Détroit 10 jours avant, mettant pour la première fois les pieds vraiment loin du cocon familial… et j’allais beaucoup changer en 6 mois.

Le 11-Septembre est un évènement horrible. C’est un choc, la fin d’une ère. Durant les 6 mois qui suivirent, j’évoluai de bars en soirées, de bureaux en supermarchés. Je naviguai dans la gueule de bois d’une nation sidérée mais réunie dans la peine, ne comprenant pas ce qui venait de lui arriver, ne pouvant imaginer les conséquences qui, aujourd’hui encore, nous poursuivent tous. J’écoutai, je parlai, je notai, j’archivai.

Le 11-Septembre marque le début de mon envie de s’approcher des choses pour mieux les comprendre, de connaître l’avis des gens, de documenter, de rapporter, de raconter. Le 11-Septembre est autant de débuts que de fins, un nœud de société dont les ramifications se sont prolongées dans les chemins que nous suivons aujourd’hui. Des milliers de vie fauchées, des millions de vie changées.