Tick, tock.

J’ai fait ma dernière interview de Placebo le 9 janvier 2006, pour la sortie de Meds. C’était la première fois que j’avais le trio au complet en face de moi ; je profitai de l’occasion pour leur faire signer un dišque. Dans mon étagère, j’avais choisi le single de Without You I’m Nothing parce qu’il était beau, que la version du morceau était magique et que sa pochette s’ouvre sur une photo (signée Frank Ockenfels) de ses interpètes : Molko, Olsdal, Hewitt… et Bowie, donc. Quand les trois eurent signé, Molko tapota la photo de Bowie et me dit « tu devrais lui faire signer, le jour où tu le croiseras ». J’ai acquiescé en souriant. Je n’ai pas pu le croiser. Je ne pourrai plus le croiser.

J’aurais aimé, pourtant. Je n’étais pas fan, mais j’estimais sa classe, sa perpétuelle auto-réinvention et son avant-gardisme. C’était un monument toujours contemporain. Ce n’était pas un artiste de ma génération, mais je le croisais à chaque coin de dišque ; soit directement, soit derrière une influence ou une reprise. Le bonhomme a lancé bon nombres d’artistes qui ont fini par atteindre mes oreilles : Placebo, bien sûr, mais aussi TV on the Radio ou Arcade Fire. Sa disparition me marque parce qu’elle attriste une bonne part de mon entourage et de mes artistes préférés, mais aussi parce qu’elle me rappelle, une fois de plus, que rien n’est éternel, dans ce bas monde, pas même les monuments, et qu’il faut profiter de tout et tous tant qu’on le peut.

In that moment you realise
That something you thought would always be there will die
Like everything else

Chantent Editors

Qui ne brillent pas par l’optimisme de leur textes, non.