The Weakerthans @ le Batofar, Paris.

C’est parfois pas simple d’être prophète hors de son pays. Durant mon passé d’intrépide et jeune aventurier du rock n’roll michiganais, j’avais vu Muse et les Weakerthans jouer dans la même salle de Détroit, le St. Andrew’s Hall, 1 200 places au compteurs dans une salle en ― vague ― forme de Bataclan. De retour à Paris, Muse se tape des Bercy pendant que les Winnipégois se retrouvent à deux encâblures de là, sous le pont d’à côté, au fond de la cale d’un Batofar dont 95%1 du public est manifestement nord-américain. Autres terres, autres contrastes.

Avec cet anglais ambiant et les échanges incessants public-scène, l’intimité de sa salle et l’atmosphère bon enfant qui y règne, le Batofar se paie des allures de Blind Pig qui me flatte la nostalgie. Les Weakerthans animent la fête avec une power-pop rythmée abordant des thèmes graves comme le curling, le Canada ou la vie des chats, avant de verser dans le mou en plein milieu du set. Je baille. Le reste du public chante tout bas. Les Weakerthans sont manifestement de ces groupes dont il faut maîtriser les albums pour pleinement les apprécier en live. Pour le reste, faut attendre que les Canadiens reprennent le droit chemin, ce qui finit par arriver en fin de set, quand le groupe se fend d’un rock FM simple mais efficace sur les trois derniers titres avant de se barrer. Le rappel est assuré d’abord par le chanteur John K. Samson seul à la guitare ― mais pas avant d’avoir pris le public en photo ―, puis tout le groupe dans un Pamphleteer final choisi par une jubilante salle2. Rideau. Bon groupe, bonne soirée, tout ça serait plus intense avec quelques révisions pré-concert ― d’autant plus que leurs textes méritent le détour ―, mais les Weakerthans ont encore du boulot avant de s’imposer en France. Pas gagné. Mais ça se tente.

 The WeakerthansPlea from a Cat Named Virtute

_____

1 Et encore. En fait je n’ai entendu personne parler français de toute la soirée.

2 Voilà une expression bien bien nase que je ne suis pas près de replacer.