Consolers of the Lonely

The Raconteurs

XL Recordings/Beggars_55’30”_25/03

Les fans des White Stripes auront passé une fin mars torride. Alors qu’on les attendait plutôt pour la fin du printemps, les Raconteurs, l’autre combo avec de vrais morceaux de Jack White dedans, est subitement sorti de son hibernation le 18 en annonçant la mise à disposition immédiate et totale dans les bacs de leur second effort dès le 25 mars, soit une semaine plus tard. En court-circuitant le cheminement habituel pré-écoute / envoi des copies promo / interviews / chroniques / mise en vente des disques, les Raconteurs ont d’une part limité les fuites – sans l’erreur d’iTunes d’avoir mis l’album en ligne trois jours trop tôt, le coup eut été parfait –, mais ont surtout permis à la majorité de leurs fans de découvrir l’album sans qu’un journaleux puisse leur dire si oui ou non, il valait le détour. Me voilà donc le 25 mars, quelques heures avant le bouclage, à chroniquer un album découvert deux heures plus tôt pour des lecteurs qui auront eu le temps de l’analyser avant de me lire. Pas simple. Mais après tout, si Jack White et sa bande peuvent finaliser et livrer un album en trois semaines, on peut bien essayer de le chroniquer en trois minutes.

Consolers of the Lonely, donc, se démarque de son prédécesseur Broken Boys Soldiers par son ambiance générale plus proche de celle des White Stripes. Production plus épaisse et efficace que sur Broken Boys Soldiers, riffs un peu dingues et batterie çà et là plus meurtrie – le plus bel exemple restant le single Salute Your Solution, rémanent de Blue Orchid –… On sent la patte de Jack White plus emprise sur cette nouvelle livraison, sans pour autant que soit étouffé l’esprit Raconteurs : on retrouve le mariage parfait de sa voix avec celle de Brendan Benson, les guitares, percus, orgue Hammond et basses qui poussent les limites du terrain de jeu, et surtout cette atmosphère potache pour amuser la galerie avec brio. Par rapport à Broken Boys Soldiers, Consolers of the Lonely gagne en trompettes, violons, banjo et chœurs angéliques, mais il est surtout bien plus hargneux, bien plus digne de leurs concerts et bien plus jouissif, sans que les mélodies soient laissées de côté. Le permanent mélange des genres qu’il offre, ce maelström de punk, rock, blues, folk et prog-rock laisse chacun y trouver son compte. Plus que jamais, les Racs vont et viennent et te prennent à contre-pied presque à chaque coup en scandant leurs refrains entêtants, te caressant d’une main, te mettant des pains de l’autre. Tu vas en redemander, ton acouphène en fait déjà la gueule. Tes tripes, elles, en jouissent d’avance.