Introduction.

Découvrir un disque c’est comme rencontrer quelqu’un. On apprend à connaître la personne, on échange, on vit des choses ensemble. Les amitiés, les amours se font, se défont, il y a ceux que l’on côtoie quelques semaines, que l’on fréquente quelques mois, de qui on est proche quelques années, à qui on se lie pour la vie ou que l’on ne découvre réellement que bien longtemps après les avoir rencontrés. Par la suite, quand on repense aux événements passés, on se remémore invariablement ceux qui nous entouraient à l’époque, tout comme on se rappelle les bandes-sons qui accompagnèrent les moments. Il y a les disques avec qui l’on est fâché pour de bon ; ceux qui passèrent par là pour une rupture, un deuil, la honte de sa vie. À l’inverse, ceux qui étaient là dans les meilleurs moments, utilisés avec parcimonie, ont le pouvoir de replonger dedans en un instant, un peu comme le ferait une bouteille de parfum humée de temps à autres ; passez-moi Streets of Philadelphia, Dirty Old Town, Why?, Out There, Always: Your Way, 19-2000, In God’s Country ou Busy, je revis. Immiscez This Is a Call, In My Place ou Breakdown, j’en meurs encore. Ceux-là, on les déteste tout comme on détesterait quelqu’un. Mais avec les mêmes espoirs de réconciliations, heureusement.

Cependant, toujours à l’instar une personne, un disque peut t’en présenter d’autres. Comme on évolue au fil des rencontres, on peut naviguer d’une musique à l’autre jour après jour, morceau après morceau, passant de la new wave à la pop-guimauve, au heavy-metal, au thrash, retombant dans le rock, puis la pop alternative chère aux Ricains, avant de se prendre la claque garage dans la gueule. Pendant que les goûts évoluent, on évolue soi-même, amassant sur la route des montagnes de souvenirs que l’on associera pour toujours aux sons glanés çà et là. The Soundtrack of Our Lives, comme ils disent. C’est pour essayer de m’y retrouver que j’ai fini par décider ― il y a plus d’un an, sans réussir à vraiment m’y mettre avant aujourd’hui ― de tout enfiler bout à bout comme le Rob Fleming de Haute fidélité dans son salon. Un classement de ma discothèque dans l’ordre autobiographique. Mais en alignant les textes. Et en reliant les moments aux sons. Pas sur tous les disques, néanmoins, parce que j’en sauterai. Même si j’écoutais Elmer Food Beat en boucle à 14 ans, l’envie de taper un roman sur leur 30 cm ne me submerge pas réellement. Pas d’étonnement, donc, si entre deux albums on saute des numéros. Pour aller jusqu’à combien ? Je ne sais pas. La liste est tout sauf exhaustive. Et puis l’essentiel, c’est de commencer.

À demain.