Meds

Placebo

Capitol_48’41″_13/03

3 ans qu’on l’attend, on sait, un retour aux guitares, on est au courant, la bénéfique participation de Dimitri Tikovoï, on en a entendu parler. Depuis 4 mois qu’on nous sert de petits amuse-gueules frustrants, on ne va pas attendre une ligne de plus pour passer — enfin — au plat de résistance : le son, bordel. Dès les premiers accords de Meds (et donc de Meds, et vice-versa), on le sent déjà : on a affaire à du vrai Placebo. Du Placebo tout en agression frénétique de guitare sèche, en tension latente, en riffs implacables, en sons plaintifs qui parsèment l’arrière-plan. Là où Sleeping with Ghosts se complaisait dans une propreté mélodique quasi-maniaque, Meds réussit un coup de maître ; le son est paradoxalement brut et étoffé, tour à tour intime et grandiose. Le contact avec le groupe est sans interférence, la tête en plein dans l’ampli, complètement réceptif aux émotions qu’il crache : l’angoisse d’Infra-Red, la mélancolie dépressive de Pierrot the Clown, la déchéance d’In the Cold Light of Morning, l’urgence de Because I Want You ou la nostalgie de Follow the Cops Back Home. Le Placebo cuvée 2006 est novateur, aventurier, partant vers de nouvelles pistes qu’on se plaît à découvrir avec lui : les violons et le piano de Space Monkey, la voix de VV sur Meds, celle de Michael Stipe dans l’aigre-doux Broken Promises ou le passage songeur d’instru en reverb’ saturée de Follow the Cops Back Home. Le reste, le « classique », est soigné au point que Meds approche la perfection ; On est face au résumé d’une décennie de rock dans la continuité logique des 2 premiers albums, le retour à des sources revisitées après les expériences de Black Market Music et Sleeping with Ghosts. À force de travail, de remise en question et de danse sur la brèche, Placebo s’est enrichi en se cherchant, et au final, c’est nous qui nous y retrouvons.