L’âme où tardent mes moutons nés.

Quelquepart dans le Marais, Paris, 3 mai.


Quelquepart dans le Marais, Paris, 3 mai.

Mail1 signifie courrier. En français, on a repris ce terme pour désigner un courrier électronique2. L’une de mes interrogations reflectives d’hier3 était : « Parbleu, quelle est donc l’origine de ce mot ? Je connais une rue du Mail4, à Paris, y a-t-il un rapport5 ? ».

À la seconde question, le TLFI6 répond par :

MAIL, subst. masc.

A. 1. Vx, TECHNOL. Gros marteau en fer avec lequel le carrier enfonce des coins pour séparer les blocs de pierre. (Dict. XXe s.). Synon. mailloche.
2. Synon. de maillet. Au réfectoire, on fait la lecture. Le père prend sur la table un petit mail de buis et en frappe un coup. Le lecteur se tait (BILLY, Introïbo, 1939, p. 97).
B. JEUX. Maillet de bois à long manche flexible avec lequel on pousse une boule de bois. Donner un coup de mail (Ac.).
P. méton. (Jeu de) mail

On peut donc en déduire qu’en bon français, quand quelqu’un t’écrit «  Je t’envoie un mail demain », le mieux est encore d’aller s’acheter un casque vite fait, parce qu’un gros marteau en fer, même si on te l’envoie gentiment, il risque de te faire mal à ta gueule, un peu7.

Pour expliquer l’étymologie de mail, le dictionnaire anglais avance :

[Middle English male, bag, from Old French, of Germanic origin.]

En conséquence, un mail, ce n’est rien d’autre qu’une malle. On s’envoie des malles. « Comment? Tu n’as pas reçu ma malle? » « Fichtre, comme ta malle est lourde, elle a du mal à passer dans le tuyau. » « Je te malle demain et on en rediscute! ». etc. Faut avouer que ça sonne mieux que mail et courriel et, qu’en plus, c’est beaucoup plus rigolo.

À part ça, rien.

/Edit : Si quelqu’un connaît l’adresse malle du sale pervers dégoûtant qui est arrivé ici en tapant « white meg seins », qu’il me la donne, j’ai quelque mails8 désobligeants à lui envoyer9b.

Bande-son : Gens endormis ronflants devant cette note.

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1 Prononcer méïl. « Il n’y a que méïl qui m’aïle. »

2 Alors que les anglophones, eux, utilisent ce terme pour désigner le courrier tout courta. Les Français font souvent l’erreur en milieu anglophone: "I’ll send you a mail." Du coup, l’autre va siffler là-haut sur la colline, serrane, serrane, ne voit rien venir, ni facteur qui arrivoie, ni chien qui jappoie, et se trouve fort déconvenu quand rien ne fut venu alors que moi, pendant ce temps-là, je t’envoyais des courriels dans les bois. Ou bien.

3 Je vais très souvent au travers de moments d’auto-interrogation réflective à tendance cogitale tout au long de la journée. ccupe, dans le métro.

4 Prononcer mail. Non, pas méïl, mail. « Il n’y a que mail qui m’aille. »

5 Ou bien ?

6 Trésor de la Langue Française Informatisé. Trop cool pour se la péter grave dans des notes débiles.

7 Ce que l’on peut résumer par « Il n’y a que mail qui m’aïe. »

8 Dommage que le pluriel de mail ne soit pas maux, parce qu’on aurait pu parler de maux comme un ensemble de mails qui font mal. C’est con.

9 Des mails, pas des mails. Prépare ton casque, gros.

a Normal, puisque ça veut dire courrier. C’est expliqué dans la première phrase, tout là-haut.

b Nan, mieux : « J’ai deux maux à lui dire ». Ah ah.