Velvet Revolver @ State Theater, Détroit.

Le rock, dans un de ses clichés, est décrit comme une musique brutale, interprétée par des hordes d’affreux bonshommes torses nus et poilus qui sentent la sueur. Armés de guitares à longs manches, symboles phalliques pour effrayer les jeunes filles —  Cf. Spinal Tap  —, ils jouent très fort des chansons très violentes dont les paroles expliquent que ta pudique virginité ne fera pas de vieux os.

Ce soir, on a nagé en plein cliché nostalgique. En plein cliché parce que Velvet Revolver, c’est cette version-là du rock. En pleine nostalgie, parce que voir Slash, son chapeau haut de forme, sa Gibson, ses cheveux et sa Marlboro, ça m’a renvoyé tout droit au collège.

Avec de vrais morceaux de Guns N’Roses et de Stone Temple Pilot dedans, Velvet Revolver, c’est du gros calibre (voilà un laid jeu de mots). Il faut les voir, les mecs, tous torse poil, à courir partout ! Scott Weiland use trois mégaphones, se jette dans le public, saute sur les enceintes, se roule par terre. Slash multiplie les solos à la verticale. Duff McKagan assure les arrières vocaux, campé bien droit sur ses pattes. Matt Sorum grimpe sur sa batterie et y va de son solo à lui.

Ça crève les yeux : Velvet Revolver reste à la base une sacrée bande de potes. Ils passent le concert collés les uns contre les autres, à moitié à poil, tant et si bien qu’on se demande par moment s’ils vont pas commencer à se tripoter. C’est un concert dense, sauvage, dans la plus grande tradition. Weiland embrasse les filles des premiers rangs avant d’exhorter la foule à beugler très fort en rythme, en tapant des mains.

La plupart des gens sont des nostalgiques des Guns N’Roses. Ça se voit sur les réactions quand Velvet Revolver reprend I Used to Love Her, Mr. Brownstone et It’s so Easy. Là, on a tous 13 ans (sauf quelques groupies défraîchies qu’ont dû avoir 13 ans il y a bien longtemps). Le combo nous sert deux rappels baignés de sueur, la salle achève ses cordes vocales et en guise de départ, Weiland explose son dernier mégaphone par terre. Du rock. Du rock torride, débridé. J’en ressortirais presque mes vieux T-shirts Guns N’Roses moi.