Direction l’infini.

Rue Bonaparte, Paris, 11 juin.


Rue Bonaparte, Paris, 11 juin.

Il y a sept ans, les Pistons de Détroit étaient en finale NBA.

Il y a six ans, les Pistons de Détroit étaient encore en finale NBA.

Il y a cinq ans, les Pistons de Détroit étaient en vacances après s’être fait vider comme des nazes en six manches de finale de conférence par Miami.

Il y a quatre ans, les Pistons de Détroit étaient toujours en vacances, cette fois-ci grâce à Cleveland.

Il y a trois ans, j’en avais marre de ressasser chaque année des histoires de basket, ce sport de nase, tout ça à cause de la grève de 2004 qui m’avait forcé à causer dès l’origine de basket, ce sport de nase, plutôt que de hockey sur glace. Cette année-là, donc, les Red Wings de Détroit emportèrent le championnat et tout le monde fut content, sauf moi1.

Il y a deux ans, j’étais persuadé que Détroit allait sûrement redevenir champion en regagnant contre rePittsburgh puisque le septième match de la finale, c’était le soir-même et que sur les 14 fois précédentes où la coupe s’était jouée en sept manches, l’équipe qui accueillait avait gagné 12 fois. Je pensais que c’était pas plus mal, parce que ça allait donner au moins un truc à fêter dans le Michigan cette année-là. Manque de pot, Pittsburgh a gagné 2-1, ce qui prouve bien que dans la vie, rien n’est gagné d’avance.

Il y a un an, Détroit s’était fait éliminer par San Jose en demi-finale de conférence, Chicago avait remporté le championnat pour la première fois depuis 1961 et se rebaptisait Hawkeytown pour faire la nique au Hockeytown de Détroit, ce que je trouvais fort drôle car j’ai toujours préféré Chicago à Détroit.

Cette année, Détroit s’est encore fait éliminer par San Jose en demi-finale de conférence alors que Chicago s’est fait injustement sortir par Vancouver dès les quart de finale de conférence en prolongation après avoir remonté un déficit de 3 match et forcé une 7e manche. Du coup c’est Vancouver qui va gagner. Ou Boston.

 

Il y a sept ans, je petit-déjeunais avec des cookies Pepperidge Farm au milieu d’un bureau quelque part à Pontiac.

Il y a six ans, je petit-déjeunais avec des cookies Hello de Lu au milieu d’un bureau quelque part à Évry.

Il y a cinq ans, je petit-déjeunais avec des Prince chocolat au milieu d’un bureau quelque part à Clamart parce qu’on était lundi.

Il y a quatre ans, je petit-déjeunais avec un Panier de Yoplait au milieu de toujours le même patin de bureau. Je me sédentarisais un peu trop, là.

Il y a trois ans, je petit-déjeunais avec des tartines beurrées au milieu d’encore le même !@#$ de bureau, au secours quelqu’un, mais personne ne vînt.

Il y a deux ans, je petit-déjeunais tard avec un sandwich au milieu d’un bureau dont je n’osai même pas avouer l’emplacement.

Il y a un an, je petit-déjeunais avec un café au milieu d’un endroit qui n’était pas un bureau, parce que c’était samedi.

Aujourd’hui, je petit-déjeune avec un autre café au milieu du même endroit qui n’est pas un bureau, parce que c’est dimanche.

 

Il y a sept ans, j’allais voir Franz Ferdinand au Majestic Theater de Détroit.

Il y a six ans, j’allais voir Ghinzu à l’Olympia de Paris.

Il y a cinq ans, j’allais voir si j’allais voir Guillemots à la Boule Noire de Paris ce soir-là ou bien, pour ne finalement pas y aller.

Il y a quatre ans et un jour, les White Stripes au Zénith de Paris. Les quatre jours suivants, Mademoiselle K à l’Élysée-Montmartre de Paris puis au Trabendo de Paris. Y’avait pas à dire, on avait pas des vies faciles. Et je passais beaucoup trop de temps à Paris.

Il y a trois ans, j’allais voir Supergrass à l’Élysée-Montmartre de Paris, qui comme son nom l’indiquait, était toujours à Paris, donc moi aussi.

Il y a deux ans, j’allais peut-être voir Elmer Food Beat toujours dans le même Élysée-Montmartre de Paris, parce qu’un photographe de rock et de roll a raté sa vie si, à 50 ans, il n’a jamais photographié de chanteur bedonnant en zlip kangourou. Et j’y allai. Ma vie fut sauvée ce soir-là.

Il y a un an, après être allé la veille au Stade de France de Saint-Denis, juste à côté de Paris, avec plein de gens, voir Muse se produire, je réallais le resoir-même au reStade de France de reSaint-Denis, rejuste à côté de reParis, avec replein de gens, pour revoir reMuse se reproduire. Oh mon dieu. C’était un piège.

Aujourd’hui, je ne vais rien voir du tout dans aucune salle de Paris car on ne peut pas vivre des trucs intéressants tous les ans non plus.

 

Il y a sept ans, je m’éveillais le matin au doux son de Bonjour Le Monde !, sur CBEF Windsor, avec Charles Lévesque et Maryse Tourette, dans ma voiture lancée à vive lenteur sur Orchard Lake Road.

Il y a six ans, je m’éveillai au doux son de Marylin Manson, dans mon RER D lancé à vive lenteur sur RER D Trail.

Il y a cinq ans, je m’éveillais au doux son de Wayne Coyne introduisant son acoustique de Thank You Jack White (For The Fiber-Optic Jesus That You Gave Me)2 par « Always read the instructions before plugging in a gift from Jack White. »

Il y a quatre ans, je m’éveillais doucement au doux son de Que de la radio sur la 3, en bénissant une fois de plus le ciel pour avoir inventé la Suisse.

Il y a trois ans, je m’éveillais doucement au doux son de la douce voix d’Émilie Gasc-Milesi visitant le musée d’ethnographie de G’nève, avant d’envoyer Beck chanter Cellphone’s Dead, un titre pas entendu depuis pfioulala-ça-nous-rajeunissait-pas, toujours dans Que de la radio et toujours sur la 3, c’était dingue.

Il y a deux ans, je ne m’éveillais plus car il était tard, mais au son de toujours-la-même-3 qui passait une version jazzy à la guitare de Pump Up the Jam, reprise par The Lost Fingers, qui sonnait super bizarre, subitement je me demandai si je m’était vraiment éveillé ce matin.

Il y a un an, je m’éveillais au doux son de la rediff’ de la première de 2-0 en cabine, la principale attraction de la coupe du monde de foute qu’on était tous fans et que j’avais pas pu écouter hier pour cause de Muse. Ignacio Chollet, épouse-moi.

Aujourd’hui, je m’éveille au doux son d’Au milieu du village, promenade dominicale, la compilation hebdomadaire du monument de bon goût et de sociologie qu’est Au milieu du village, ce qui montre bien que je change rarement de crèmerie radiophonique.

 

Il y a sept ans, il faisait beau.

Il y a six ans, il faisait beau aussi.

Il y a cinq ans il faisait beau et surtout chaud, j’étais déjà liquéfié alors qu’il n’était que 10h et ça, ça suçait grave.

Il y a quatre ans il faisait gris, ce qui suçait un peu moins.

Il y a trois ans il faisait gris aussi, ce qui me faisait réaliser que mon histoire se répétait un peu trop, ces temps-là.

Il y a deux ans, il faisait carrément moche. Ça devenait une tradition.

Il y a un an, il faisait moche aussi. Je croyais qu’on m’en voulait personnellement.

Aujourd’hui, GLORIA ALLELUÏA il fait enfin beau, dis donc.

 

Il y a sept ans, nous étions le 12 juin.

Il y a six ans, nous étions le 12 et un jour, ce qui signifiait que j’étais en retard.

Il y a cinq ans, nous étions le 12 juin, ce qui voulait dire que je sais retenir les leçons du passé.

Il y a quatre ans, nous étions encore le 12 juin, et je n’avais réalisé que 5 minutes auparavant que le 12 juin, c’était il y a quatre ans.

Il y a trois ans nous étions, c’est fou ça, le 12 juin.

Il y a deux ans nous étions, grâce à l’implacable régularité cyclique super-prévisible du calendrier grégorien, deviniez quoi ? Le 12 juin.

Il y a un an, nous étions justement un il y a un an qui tombait un 12 juin. Mais pas le même que les autres.

Aujourd’hui, nous sommes la veille du 13 juin et donc le 12. C’est épatant.

 

Sept ans.

LanuBeautiful Trash (Feat. Megan Washington)

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1 Et deux ans plus tard, je me décidais enfin à vous expliquer pourquoi.

2 Que je conseille au passage toujours toujours toujours autant pour les commentaires qu’il fait tout au long du morceau. Il est chez le belögue mort de Vox.