My Vitriol @ le Point Éphémère, Paris.

Flashback1. L’été 2001 commence de la plus délicieuse des façons à la suite d’un printemps de préludes comme j’en ai rarement connus. Trois mois de bière, de road-trips à travers la France, de soirées lors desquelles j’ai pu commencer ma longue carrière de DJ le plus réputé de tout l’ouest du Saulcy et de chouettes gens qui gravitent autour de moi. Je suis cool, je suis rock, j’ai même commencé à me laisser pousser les cheveux parce que je suis un rebelle et tout va bien dans ma vie.

De ce printemps j’ai retenu deux singles, qui pour moi vont de paire : Bliss de Muse et Always: Your Way de My Vitriol. Ce dernier m’a tant marqué que j’en ai acheté l’album sans en avoir écouté d’autre extrait2. Finelines, un premier effort accrocheur, qui pose My Vitriol en digne successeur de Muse et Placebo pour les années à venir. En attendant, c’est leur présence le vendredi soir qui me pousse à accepter la proposition de Binôme pour un trip aux Eurockéennes le week-end du 7 juillet 2001.

Là, tout se gâte : PV pour excès de vitesse à Épinal, arrivée en retard, loupage de K’s Choice déjà hors de scène lorsque nous arrivons, américains tout dégueus3 et… la tempête. Un déluge soudain causant une coupure de courant généralisée, poussant des hordes de fans de Deftones frustrés à prendre d’assaut le chapiteau à la recherche d’un abri pendant que les Têtes Raides montent sur scène coûte que coûte, armés de leur culot et d’un mégaphone poussif, tentant un concert acoustique bricolé et inaudible pour les quelques milliers de personnes planquées là. Les groupes de la soirée sont annulés, il faut rejoindre la bagnole en marchant le long de la voie ferrée dans un exode massif et piteux, ma serpillière gorgée de flotte pendant à mes genoux. Nous finirons par rallier Mulhouse tard dans la nuit, à peine réchauffés par le New Born que balance Georges Lang dans ses Nocturnes. Cette nuit-là, en essorant mon djine, je me promets de les revoir dès la sortie de leur deuxième album.

2009. Point Éphémère. Toujours rien de neuf alors que même Guns n’Roses ont fini par refaire un disque. Après deux années de hiatus entre 2002 et 2005 suivies de tournées exclusivement anglaises, My Vitriol a sombré dans un tel oubli franchouillard que le Point Éphémère les présente comme « la révélation pop/rock de ce début d’année. » Mais, au moins, ils reviennent en France ; sûrement la première fois depuis 2001, ce qui fait de la soirée un événement4. Monté sur scène en catimini, My Vitriol compense sa timidité relative par un absolu déluge sonique qui cloue l’assistance au sol. Mes photos ne cassent pas de briques, mais là n’est pas l’important : je suis venu chercher les Cemented Shoes, Losing Touch, War of the Worlds, Tongue Tied et surtout Always: Your Way5 qui m’étaient dus. Et j’obtiens ce que je veux. Avec l’impression bizarre de voir ce mec, Som Wardner, personnifier subitement la voix que j’écoute depuis huit ans, comme un animateur radio se révélant au grand jour. Le reste ne compte pas, il se conte encore moins, je me suis tenu promesse. À eux d’honorer les leurs.

 My Vitriol Alphawaves / Always: Your Way (live Londres 2005)

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1 Rétro-éclair, quoi.

2 Et oui les enfants. Quand papa avait votre âge, en ce début de XXIe siècle, il arrivait que les jeunes achetassent des albums de musique rien que pour un seul titre.

3 Cette histoire se déroule en effet bien avant ma découverte des bienfaits caloriques du sandouiche tartiflette lors de l’édition 2006 de ces mêmes Eurockéennes.

4 Sauf pour la plupart des gens, visiblement venus pour les Parisiens d’Utopium. Un groupe qui, par ailleurs, mérite beaucoup.

5 Par ailleurs numéro 1 de mon top 5 de la vie qu’il fallait bien que je poste ici un jour alors profitons-en (classement non exhaustif pas fini et par conséquent pas encore platifié) :

  1. My Vitriol ― Always: Your Way
  2. Black Rebel Motorcycle Club ― Heart + Soul
  3. Secret Machines ― Nowhere Again
  4. N/A
  5. N/A