[198] Smashing Pumpkins @ le Grand Rex, Paris.

L’excitation est palpable, mais le moment est-il historique ? Par définition ça craint, les reformations. Ça en revient habituellement à des bandes de vieux sur le retour cherchant à se refaire en s’auto-singeant devant un parterre d’autres vieux en quête des eux-mêmes qu’il furent. En plus Corgan n’a même pas réussi à remeuter ni Iha, D’Arcy, pas plus qu’Auf Der Maur, dans l’histoire. Ce sera lui et Chamberlain, point. Devant le Grand Rex, gros Thom m’enfourne son Ipod plein de Tarantula pour me mettre dans le bain. Accroche directe. Plutôt vaillant, le mort-vivant. Alors qu’autour de moi on parle de concerts de 3 h, un truc qui n’arrive plus jamais de nos jours, insidieusement monte la curiosité, vivifiée par une demi-heure d’attente dans la pénombre funèbre du requiem monotone qui baigne la scène. Et puis plus rien.

[Et c’est à ce moment que de question il ne fut plus.]

Chamberlain débarque le premier. Corgan ensuite. Déguisé en Grand Strateger tibétain, Docs albinos aux pieds. Autour d’eux Jeff Schroede (ex-The Lassie Foundation), assorti au chanteur et Ginger Reyes (ex-Halo Friendlies) en bassiste trash de service. Le Grand Rex se lève d’un bon. Sur fond de stromboscopes, les Smashing Pumpkins attaquent dans un impossible noir et blanc coloré un United States industriel et étiré au possible, d’entrée de jeu intense et haletant jusqu’à la fin. Puis Today, mortel. Avant un Stand Inside Your Love spatial trempé dans le fuchsia. Pas de reformation débile, non, pas le retour du groupe en lui-même non plus, mais plutôt la résurgence de l’inspiration d’un mentor puisant sa créativité dans la résurrection du projet de sa vie. Enterré, Zwan. Oublié, le solo électro-laborieux. Virés manu-securitari1, les photographes. La fin de la soirée, je la suis par téléphone. Set acoustique en solo au milieu. Reprise de The End. Rappels en pagaille. Trois heures de show. Les coups de fils extatiques s’enchaînent dès la sortie. Le concert de l’année, que ceux qui m’appellent ont tour à tour rêvé, espéré, attendu puis finalement vécu. Mes trois titres, eux, auront suffit a réveiller un truc en moi, une flamme enterrée depuis longtemps, quelque chose qui me rend solidaire de leur excitation. Parce qu’après tout moi aussi, j’ai grandi dans les années 90.

Ah oui, sinon Dieu inventa Tutubes et il vit que cela était bon. Enjouissez.

Et la bande-son, à fond :

 Smashing PumpkinsTarantula

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1 C’est la sécu qui nous a virés, hein, pas les militaires.