Guns N’ Roses – Use Your Illusion I & II

Autodiscobiographie #6.

#11
Label :
Geffen
Sortie : 16 septembre 1991
Producteur : Mike Clink, Guns N’ Roses

#12
Label :
Geffen
Sortie : 16 septembre 1991
Producteur : Mike Clink, Guns N’ Roses

En 1992 Guns N’ Roses est un groupe tout en bandanas et en cheveux gras trempé dans la bière, confirmant le succès de son Appetite for Destruction, et pas encore la vaste blague du gros rouquin à dreads de service. Je tombe d’abord sur eux à travers Live and Let Die, capté par ma cassette Skyrock1, mais l’instant décisif est à la fin des vacances d’été ― celles où Smell Like Teen Spirit échoue face à mes parents ―, quand je trouve You Could Be Mine dans le générique de Terminator 2. Waw. De retour en Ardenne, on me refile un live pirate enregistré sur un magnétophone Smoby enfourné dans un sac rembourré d’oreillers en plume ― bonjour le son ― où figurent November Rain [accroche directe, surtout sur le final] et Perfect Crime. J’achète les 2 albums [mes tout premiers CD] à Charleville-Mézières un jour d’automne, je décalque les dessins de leurs livrets dans mon agenda, entre les cartes postales de Maiden. Knockin’ on Heaven’s Door [et surtout sa version du Rock Aid hommage à Freddie Mercury du 21 avril] est un souvenir mémorable2 du réveillon 1992, conclu chez une copine sur fond de II, à guérir un pote de son Shotgun Blues en soignant ses Bad Obsessions. Je tripe sur le faux live Get in the Ring, je touche du blues dans You Ain’t the First, bien avant mes Stones et mon Jack White. Début 1993, je me mets une chemise de bûcheron noire et verte et j’achète Wendy, une broche représentant le dessin de Pretty Tied Up qui apporte chance, joie et bonnes notes en maths [ou en géo] à quiconque lui frotte le dessous du nichon droit [spécialement les jours d’interro de maths (ou de géo)] et je fais un exposé sur le groupe pour le cours de musique [ce qui doit être, au final, mon tout premier écrit rock n’roll]. L’été suivant, l’intro de Civil War sera un des premiers accords que j’apprends à la guitare [après, bien évidemment, celle de Nothing Else Matter, comme tout le reste de la planète d’alors].

Entretemps, forcément, si chez mes potes Nirvana était catalogué glam, Guns N’ Roses, c’est le summum de l’hyperglam, le truc de naze fini, un groupe dont on rigole grassement en écoutant Slayer et Metallica3. Suffit de voir leurs ballades en série qui font pleurer les filles [et les gars fraîchement largués] : November Rain, avec son piano, son orchestre philharmonique et le solo de Slash devant l’église sur une Gibson sans fil qu’on découvre lors d’une soirée crêpes à l’automne. Don’t Cry, sur lequel tout le collège se tripote [sauf moi, bien sûr] et s’entraîne à tenir les 24 secondes du aaïïïïaaïïïïaaïïï qui le concluent4. Si le collège se divise entre les partisans de I (le jaune) et de II (le bleu)5, les critiques des magazines de l’époque se partagent plutôt entre ceux tombés nez-à-nez avec le chef-d’œuvre massif d’un groupe au sommet de son art, et ceux qui n’y voient qu’un vaste bordel de 30 titres infoutus de choisir entre les divagations d’un Axl Rose décidé à devenir le nouvel Elton John et la soif de bruit de deux guitaristes pour qui plus c’est lourd, plus c’est bon ; une entité bipolaire au bord de l’implosion. À chacun de voir. Ceux qui aiment ― et qui vont au-delà des ballades à l’eau de Rose6 ― tombent sur un rock plus punk, corrosif, instantané, plombé en lenteurs et fioritures, c’est sûr, mais plus facile d’accès que le thrash. Comme Nirvana avec Sonic Youth, les Pixies ou Dinosaur Jr., Guns N’ Roses rameutent dans notre collège ― et ça sera encore plus flagrant avec The Spaghetti Incident? ― une foule de nouveaux sons et noms : sans qu’on le sache, à travers eux 1992 sent le Stooges, le Dylan, le Johnny Thunder, l’Aerosmith [pour qui ils préparent le terrain pour 1993] et une foule de groupes à la LA Guns, comme il nous introduit Alice Cooper dans un The Garden déchiré, avant même la sortie de Wayne’s World. J’absorbe les références. J’écoute les deux albums en boucle jusqu’au brevet, avant de les laisser tomber une fois au lycée, à part une parenthèse toscane de Bad Apples, Dead Horse et Breakdown, ressortis du placard en 1996 grâce à 3 accords d’un jingle de Fun Radio. Pour le reste, Use Your Illusion reste coincé dans la même faille temporelle qu’Axl Rose lui-même. 12 ans que le nouvel album, Chinese Democracy, doit sortir cette année. 12 ans que là-dehors, on l’attend de moins en moins. 12 ans que moi, j’ai laissé tomber. Mais putain, ce que j’ai pu aimer.

Extraits

Use Your Illusion I

  • Don’t Cry (Original)
  • Perfect Crime
  • November Rain
  • Bad Apples
  • Dead Horses

Use Your Illusion II

  • Civil War
  • Get in the Ring
  • Breakdown
  • Estranged
  • You Could Be Mine

_____

1 Sur laquelle il est suivi par C’est toi que je t’aime des Inconnus, ce qui me vaut de toujours m’attendre à l’entendre démarrer à sa suite.

2 Mais pas racontable.

3 En 1992, Metallica a encore des cheveux, et donc de la crédibilité.

4 Pas eu à compter. je me souvenais que ça durait 24 secondes. des fois, je me fais peur.

5 Perso je vote jaune, mais on s’en fout.

6 Ahah, quel talent.