Arcade Fire @ l’Olympia, Paris.

Keep the Car Running | No Cars Go | Haïti | Black Mirror | Poupée de cire, poupée de son (France Gall) | Neighborhood #2 (Laika) | My Body Is a Cage | Black Wave/Bad Vibrations | Ocean of Noise | Neighborhood #1 (Tunnels) | The Well and the Lighthouse | Crown of Love | Wake Up || Intervention | Windowsill | Rebellion (Lies)

Je sais, Win Butler ressemble ‘achement à Matthew Bellamy, là-dessus.

Peut-être l’avait-on trop attendu. Peut-être la redite était-elle vouée à ne pas atteindre le niveau du premier acte, parce qu’un événement mémorable digne de ce nom, par définition, se doit d’être unique. Et tant pis pour ceux qui choisirent [ou durent choisir, puisque le premier Olympia s’est vendu en 10 minutes, rappelons-le] le 20 mars au lieu du 19. Pourtant tout avait bien commencé : Electrelane en première partie plutôt séduisante, rumeur de tournage d’un DVD live ce soir même, ambiance électrique d’une salle arrivant au terme de deux mois d’attente fébrile, entame des 10 musiciens envahissant la scène ― et pas le milieu de la salle comme pour le Wake Up d’hier ― sur un Keep the Car Running nerveux suivi d’un No Cars Go envolé. L’Olympia changé en fournaise, Régine Chassagne lui chantant le soleil de son Haïti, provoquant les premiers airs d’ukulélés vocaux de l’audience. Black Mirror qui prend au tripes, Neighborhood #2 (Laïka) qui remet une couche de folie douce dans la salle, Chassagne qui sautille sur place comme une gamine facétieuse, battant l’air de ses mains emmitainées en rigolant, toute contente que son groupe ait appris à jouer le morceau suivant pour qu’elle puisse le chanter. Et de partir dans un Poupée de cire, poupée de son à mettre France Gall en retraite1. Après Black Wave / Bad Vibrations, c’est Win Butler qui prend le relais, balançant comme un prédicateur le mortel My Body Is a Cage du haut de l’orgue d’église qui surplombe la scène. Frissons. Il faudra un Ocean of Noise pour redescendre avant de remettre ça sur Neighborhood #1 (Tunnels).

C’est pendant The Well and the Lighthouse que tout s’enraye. Le batteur/clavier Jeremy Gara quitte la scène, Win Butler va voir se qui se passe en coulisse (« vous pouvez discuter entre vous pendant ce temps ») et revient en expliquant qu’il a un malaise. Pas de panique. On enchaîne sur un Crown of Love qui sent l’imprévu. Avant le Wake Up acoustique, un peu comme un cheveu sur la soupe mais accueilli comme il se doit, l’Olympia en chorale unanime. Rideau.

Gara est de retour à son poste pour le rappel, mais Arcade Fire semble déstabilisé. La dynamique du show est rompue. Chassagne s’énerve pendant Intervention pour des problèmes d’orgue. Butler est de plus en plus étrange, au point d’exploser sa sèche par terre à la fin de Windowsill et d’en tendre les lambeaux au premier rang. Coupant cour, le groupe part dans un grand bordel de cordes dont émerge Rebellion (Lies). Là, la magie revient. Comme à Londres, Butler se paie une balade sur la foule comme un Messie sur la flotte. Dans les chœurs ambiants, on se sent à nouveau dans la fervente chaleur d’une émission de prêcheur TV ricain tenu à bout de bras par ses ouailles, la sincérité en plus, l’austérité en moins. Arcade Fire quitte la scène à la va-vite. Il faudra du temps pour vider l’Olympia. Beaucoup savent qu’ils sont revenus la veille après 10 minutes ― menés par un Butler en jogging tiré de la douche ― et clappent des mains sans grand espoir. Peine perdue, on vide les lieux. Le froid, la bruine, le métro, dormir seul, drôle de soirée. Vivement Belfort.

 Arcade FireRebellion (Lies)

_____

1 France Gall était en retraite bien avant l’arrivée de toutes les Régine Chassagne du monde, je sais, mais c’était façon de parler.